Philippe, en plein effort, en décembre 2013, lors de travaux d'aménagement
dans les locaux de l'association Mémoire et Patrimoine.

Philippe présentant des trouvailles archéologiques locales, lors de l'exposition de juin 2014 au château de Clerval.

Texte de Laurent Thiébaud, pour les obsèques de son oncle Philippe Chrétien à Clerval

Mon oncle Philippe était un homme d’engagements et d’actions.
Engagement professionnel, par un métier où l’on donne aux autres, qu’il a pratiqué avec une très belle rigueur, sa rigueur…
C’était un homme d’engagement culturel, dans la défense du patrimoine et dans l'histoire : par ses nombreux et si savoureux écrits, dans le journal Le Pays et dans ses guides historiques notamment.
C’était un homme d’action politique aussi, par son engagement aux côtés de Fernand Rondot pour Clerval et la vie municipale, avec un credo : l’utilisation pragmatique et rationnelle des moyens et finances publics, et la préservation et valorisation du patrimoine.

Philippe était un homme de mots ; pas de maux, car je ne l’ai jamais vu ni malade, ni se plaindre.
Je l’ai toujours vu identique : à 50 ans, il était comme à 30 ans ; à 71 ans, jusqu’il y a quelques jours, le même toujours.
« J’avais l’impression que le temps n’avait pas de prise sur lui ... »
D’ailleurs la maladie l’a emporté vite, « comme pour ne laisser la trace que d’un homme solide, qui a traversé le temps sans jamais changer ».
Philippe était un homme de mots, de bons mots très souvent.
Il aimait commenter la vie avec humour, parfois grinçant, toujours drôle.
Oui, c’était un homme de lettres, cultivé, d’une culture fine, profonde, jamais ostentatoire. Il était humble…
Sa culture, il en faisait profiter ses congénères, discrètement, mais avec perfectionnisme et passion: ses élèves bien sûr, ses amis, ses lecteurs durant tant d’années …
« Et moi également puisqu’il m’a aidé à apprendre les mots et les aimer, alors qu’enfant je n’aimais pas écrire et qu’il m’a donné du coup la possibilité de faire ce si beau métier de professeur. Je lui dois beaucoup et je ne lui ai jamais dit ... »

« Je suis parti depuis longtemps de Clerval (30 années désormais) et à chacun de mes retours, après avoir embrassé mon papa et ma maman, ma grande hâte était d’aller chez « la Marcelle et le Philippe » comme on dit, pour l’écouter me raconter avec ses mots : l’histoire, les histoires de Clerval, un commentaire sur la politique, les résultats du FC Sochaux … »
Mon oncle, c’était aussi un homme d’images: combien de photos, il a prises pour le journal Le Pays ; combien de photos, d’illustrations, d’ouvrages de l’histoire du canton, de notre histoire, il a retrouvés, classés, décrits et commentés ...
Philippe pour moi, pour beaucoup qui le connaissaient, c’était un modèle de discrétion, de calme, de mesure.
Les soucis du quotidien, il les interprétait avec son humour, beaucoup de justesse et de recul …
Philippe c’était un intellectuel : un vrai, qui n’éclaboussait pas de son savoir, de sa culture, qui la partageait seulement et la transmettait.
C’était pour moi un sage, un modèle intellectuellement, mais humainement aussi.
Comme un modèle également dans le couple qu’il formait avec Marcelle : jamais un mot plus haut que l’autre, une complémentarité et proximité exemplaire et une disponibilité de tous les instants : pour tous ses proches, leurs proches, pour mon papa, pour ma maman.
Il était remarquable, dans sa générosité et gentillesse, comme Marcelle ...
Il l’était à sa façon, discrètement, pudiquement : toujours là, toujours disponible pour les autres : égal à lui-même toute sa vie.
Il va nous manquer Philippe, mais il restera parmi nous avec son sourire, avec son regard, avec ses beaux et bons mots, et comme exemple.
...
Laurent,
Mercredi 20 août 2014.